Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
116 CHAPITRE TROISIÈME.
L'agence Brotier fonctionuna tant bien que mal au service royal jusqu'au printemps de 1797, époque où elle fut découverte, trahie par un de ses membres, Duverne de Presles. Despomelles s'était déjà dérobé depuis longtemps, et Brofier avait cessé quelques mois auparavant de tenir la plume. Jusqu'au bout d’Antraigues eut la direction de ce service; ses correspondants n'eussent pas voulu être en relations directes avec les conseillers de Louis XVII, craignant les indiscrétions (1). De plus il en était d'autres, connus à Vérone, mais dont il mesurait à son gré, en les transmettant, les communications. Tel parait avoir été le cas de Méjean, son compatriote, de Madier de Montjau, son ancien collègue, et de Gamon, le fils d’un de ses hommes d’affaires, qui siégeait à la Convention au milieu des Girondins et des Thermidoriens. Dans une lettre à Lemaître (10 octobre 1795), qui fut interceptée et lue à la tribune, d'Antraigues parle de Gamon comme d’un homme dont il souhaite le retour au royalisme, mais qu'il n’a pas encore su atteindre. Gamon travaillait déjà cependant pour le parti, car il avait facilité l'entrée et la diffusion en France de la première Déclaration de Louis XVIII (2). Compromis par la découverte de celte pièce, il protesta bien haut; d'Antraigues passait pour un des agents les plus dangereux
vol. 609.) — Cette réconciliation ne devint officielle que trois ans après. (Voir la lettre du duc d'Orléans et de ses deux frères à Louis XVIII (19 février 1800) dans E. Dauper, les Bourbons et la Russie, p. 343.
(2) Bayard à Wickham, sur la cour de Vérone. (Lesox, /’Angleterre et l'émigration française, p. 360.)
(2) D'Antraigues à d’Avaray, 17 août 1795. (A. K., France, vol. 588, ( 83.)