Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

TRAVAIL À L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE (1793-1795). 115

La première, et pendant longtemps, faute de mieux, la seule préoccupation de Louis XUIIT fut la reconnaissance de son titre par les puissances européennes. Ne pouvant être roi de fait, il s’appliquait à obtenir, au moins en paroles, la consécration de son droit. La première tentative à laquelle d'Antraigues concourut eut lieu à Milan, et sans succès, auprès de l’archidue Ferdinand (1). Puis le prince songea à Catherine Il, plus expansive, quoique aussi peu sincère que les autres souverains dans son zèle pour les Bourbons; à Venise, Mordvinov venait justement d'acquérir en d’Antraigues un auxiliaire inattendu chargé de le pousser, dûment autorisé, sur le chemin de Vérone. Cette démarche, longtemps retardée, n'eut en définitive pas lieu. Mordvinov finit par recevoir des lettres de créance à l'adresse de Louis XVIII; mais un hasard qu'il dut apprécier les mit entre ses mains seulement le lendemain du jour où le prince partait pour l'Allemagne; et d’Antraigues lui ayant insinué qu'il pourrait aller les porter au quartier général de Condé, le Russe fit la sourde oreille.

La seule reconnaissance obtenue alors par Louis XVII se produisit sous les formes d’une réconciliation. La duchesse douairière d'Orléans, restée en France, fit connaître à Vérone son désir de voir effacer les souvenirs récents et sanglants laissés par son mari, ct le roi, appréciant d'autre part les démarches faites dans le même sens par le jeune duc Louis-Philippe auprès de Catherine H, chargea d’Antraigques d'annoncer à son cousin que tout était oublié (2).

(L) Thugut à Cobenzl, 8 août 4795 (dans Zuissser, Quellen zur Geschichte der deutschen Kaïserpolitik Osterreichs, t. V, p. 320).

(2) Louis XVII à d'Antraiques, 11 mai 1796. (À. F., France,