Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
VIE À PARIS ET EN PROVINCE (1779-1788). 31
dans le cabinet d'estampes et de médailles d'Hennin. Il se fait nommer en 1786 correspondant de cette Académie de Dijon qui avait jadis couronné Jean-Jacques. Enfin il salua avec enthousiasme et favorisa de son mieux les travaux de ses compatriotes, les frères Montgolfier. Les premières expériences aérostatiques avaient eu lieu en présence des États du Vivarais (juin 1783); elles se poursuivirent à Paris l'année suivante. Tandis que Faujas de Saint-Fond publiait deux volumes en l'honneur des ballons, d'Antraigues offrait l'hospitalité aux inventeurs ; il se hasardait, non sans frayeur, dans les airs à côté d'eux, et il les soutenait de sa parole et de son crédit, surtout contre la concurrence de Pilâtre de Rozier. Enfin il pressait Calonne de leur accorder une subvention importante, et, à sa grande indignation, il se vit marchander la somme qu'il désirait par un ministre plus accessible aux courtisans qu'aux hommes de science (1).
Son esprit remuant comme sa facilité de mœurs l’asso cièrent à ces épicuriens aflairés qui s’initiaient aux secrets de la haute finance auprès de Panchaud, le compatriote et le rival de Necker. Les rapports de sa famille avec celle de Talleyrand lui firent connaître dès 1779 l'abbé de Périgord, le futur diplomate. Un peu plus tard, il se lia avec Mirabeau; celui-ci était venu à Paris, au commencement de 1784, en appeler devant le Conseil d'État du jugement qui avait prononcé contre lui la séparation de corps avec sa femme. L'opinion publique lui était peu favorable, et le garde des sceaux supprimait un mémoire rédigé en sa faveur, à cause d'une pièce diffamatoire qui y était contenue. D'Antraigues se fit dans les salons où il
(1) A. N., AF IN, k%. Pièce intitulée Avant-propos. C'est une de celles qui furent saisies à Trieste en 1797