Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LE MÉMOIRE SUR LES ÉTATS GÉNÉRAUX (1788). 49

dans les États. Cette assemblée, composée de vingt-trois évêques, de vingt-trois barons investis héréditairement de leurs mandats depuis 1560, des consuls ou maires non électifs de quelques villes, était regardée comme illégale en droit, comme absolument soumise au bon plaisir royal en fait. Elle avait beau administrer avec sagesse : elle passait pour un simple bureau d'enregistrement, en proie à l'esprit de corps, « l'ennemi naturel, l'ennemi éternel de l'esprit public (1) ». Cette assemblée allait, disait-on, élire les députés des trois ordres aux États généraux. Contre cette prétention, tout se mit en mouvement, la Cour des aides de Montpellier, le Parlement de Toulouse, les gentilshommes non barons, les membres du tiers état. Il leur fallait à tout prix obtenir la nomination des députés par les trois ordres réunis à chaque chef-lieu de bailliage. D’Antraigues se jeta dans la mêlée, on va voir avec quelle hardiesse et quel éclat.

Il avait également à cœur les franchises du Vivarais. IL a affirmé avoir combattu certaines entreprises, que nous ignorons, du baron de Breteuil, ministre de la maison du roi, contre les droits et les intérêts de ses compatriotes. « Il avait, a-t-il écrit, fait à mon pays des torts si graves que les souffrir eût été une lâcheté; je le forçai à les réparer par la crainte que je ne publiasse sa conduite basse et avide (2).» D’Antraigues estimait humiliante pour les gens du Vivarais l'obligation de porter leurs causes en appel devant le présidial de Nimes et non devant le Parlement de Toulouse ; il souffrait pour luimême de ue point siéger aux États. Ceux-ci étaient en

(D Mémoire sur les États généraux, p. 5. — Cf. Trouvé, Essai historique sur les Elals généraux du Languedoc, t. I, p. 307309 (2) Réflezions sur notre position, etc. (A. F., France, vol. 63%.)