Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

INTRODUCTION. 5

des lacunes qu'ils offrent, des hypothèses qu'ils suggèrent, des assertions controversées ou exagérées qu'ils contiennent. L'homme dont ils émanent n'a cessé d'écrire, et c'est un gascon des Cévennes, souvent dupe de ses propres mensonges. Son pays natal a conservé sur lui quelques souvenirs intéressants; ailleurs la tradition a passé vite à l'état de légende, par suite du mystère qu'il a laissé planer à dessein sur ses actions comme sur ses écrits.

D'Antraigues appartient, par sa vie, à trois périodes diverses : l’ancien régime, la Révolution, l'Empire.

Sous le règne de Louis XVI, il se révèle comme un voyageur curieux, un gentilhomme lettré et sensible, ami de Jean-Jacques Rousseau et attaché à une reine de coulisses. En 1789, il devient au service de sa province et de son ordre un publiciste et un homme politique, et, après avoir joui quelques instants d’une popularité éclatante et équivoque, il se montre aux États généraux et à l’Assemblée constituante le défenseur impuissant et bientôt découragé du vieil ordre de choses. Dès 1790, il a quitté la France qu'il ne reverra plus, et, au delà des frontières, il consacre à la cause de la contre-révolution royaliste ses talents et son esprit d'intrigue. Pendant cinq ans, en Italie, sous le couvert d'une légation espagnole ou russe, il prodigue de loin aux Bourbons ses informations et ses conseils. En 1797, il est rejoint à Trieste et fait prisonnier par ses compatriotes, mis en présence de Bonaparte, etson attitude pendant sa captivité paraît, après son évasion, assez suspecle pour faire tomber sur lui la disgräce de