Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789). 63

Sa voix fut entendue ; toutefois ses collègues, en attestant leur existence comme corps indépendant, consentirent à débattre avec les représentants des autres ordres la question de vérification des pouvoirs. D'Antraigues fut un des commissaires nommés. Bien qu’élu le dernier, il prit parmi eux un rôle prépondérant (1). La veille des conférences, le 22, il se fit autoriser à annoncer que la noblesse, suivant le conseil donné par Necker le 5 mai, renonçait à ses privilèges pécuniaires et payerait tout impôt consenti dans les États votant par ordre. Ce sera, disait-il, condescendre au vœu populaire, et rendre le tiers responsable de l'inaction des États, s’il refuse, en échange de cette concession, la vérification séparée. Les États du Languedoc, il eût dû s'en souvenir, n'avaient pas sauvé leurs privilèges aux yeux du roi par une concession semblable.

Deux conférences tenues les 23 et 95 mai ne purent aboutir. Le 28, nous retrouvons d'Antraigues exhortant ses collègues à tenir bon; il leur expose que la liberté doit être cherchée « dans la constitution même des divisions du pouvoir national qui, alternativement obstacles et médiateurs, arrêtent l'impulsion du pouvoir exécutif, qui tend au despotisme, et les attaques du pouvoir du peuple, qui tendent à la démocratie, qui, dans un grand empire, n'est autre chose que l'anarchie. — Défenseurs du peuple, dit-il encore, c’est nous qui, en maintenant la constitution, maintiendrons ses plus justes droits. » Et en effet, le même jour, la Chambre de la noblesse déclara, sur la motion de Bouthilier, que la délibération par ordre était une loi constitutive de la monarchie.

(4) I obtint ST voix sur 237 votants. À une seconde élection, le 7 juin, il passa l'avant-dernier (161 sur 225).