Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

68 CHAPITRE DEUXIÈME

D'une main plus légère, « un citoyen actif, ci-devant rien » (c'était Rivarol), crayonna sur le même modèle une esquisse ironique dans le Petit Dictionnaire des grands hommes ; et un inconnu hardi répandit certaine Lettre du come de Mirabeau aw comte d'Antraïques, où il disait erûment au destinataire : « Votre généalogie est fausse, et votre talent emprunté; vous n'êtes ni gentilhomme, ni l'auteur du livre qui a fait votre réputation. » À certains ‘traits de ce pamplet, on croyait reconnaitre le redoutable tribun de la Constituante. Mirabeau protesta publiquement. 11 lui suffisait d’avoir exécuté son ami de la veille dans sa Sixième, et surtout dans sa Huitième lettre à mes commellans, et d’avoir mis en regard, à l’aide de citations bien choisies, les « principes de M. d’Antraiques en 1788 >» et les « principes de M. d’Antraigues en 1789 ». À l'encontre de Mirabeau, Bernardin de Saint-Pierre ne se crut pas dégagé de ses liens envers l'auteur du Mémoire sur les Etats généraux, et fut peut-être alors le seul à lui rendre bon témoignage. Dans ses Vœux d’un - solitaire, publiés à cette époque, il saluait encore en lui, : d'un mot, sans oser écrire son nom en toutes lettres, le - défenseur des droits populaires. À ces attaques multiples, d'Antraigues essaya de faire ‘face. La tâche dépassait ses forces; comment en effet “détourner de sa personne cette puissance offensive de “l'opinion qu'il avait si facilement déchainée contre d’au‘tres et de plus redoutables que lui? Il n’entendait ni avoir abandonné la cause des libertés publiques, ni être en “contradiction avec lui-même, et la préoccupation de sa

-constant, dans les Chevaux au manège, ouvrage trouvé dans Le portefeuille de A. le prince de Lambese, grand écuyer de ‘France, ete., p. 8 et 9, et qui débute ainsi : « Ce cheval croyait * être républicain, il n’est que courtisan, etc. »