Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE (1789-1790). 77
mune (1). Quant à ses créanciers, il les renvoya sans facon à la nation, maîtresse de ses biens (2).
L'Ardèche était alors un des principaux centres de l'agitation royaliste ; les partis jadis aux prises sous l’enseigne catholique ou protestante y renaissaient au gré des passions politiques ; la résistance à la Révolution s’y affirma d'une manière passive, mais énergique par les trois fédérations armées dites du camp de Jalès, qui se succédèrent de 1790 à 1792. D'Antraigues n’intervint pas directement dans leur formation. On ne saurait lui attribuer d'une façon certaine le principal manifeste publié à cette occasion; mais un de ses hommes d'affaires, avocat Viguier, était un des principaux meneurs de l’entreprise; lui-même s'y associait par des instructions ou des pouvoirs envoyés aux principaux agitateurs, l'abbé de la Bastide et le chevalier de la Baume, par des renseignements transmis à Coblence, et ce fut en partie d'après ses avis que les princes ajournèrent (1* décembre 1791) toute prise d'armes en Vivarais, jusqu'à la formation attendue d'une coalition entre les États du sud de l’Europe, sous la protection de la Russie (3). D'Antraigues
(L) Déclaration datée de Parme, 19 février 1791. (Comm. par M. Mazon.)
(2) « M. d’Antraigues, écrit l'homme d’affaires Viguier à M. de Marcha Saint-Pierreville (21 novembre 1792), est dans l’impossibilité de payer ses créanciers ; la nation s'est emparée de ses biens ; c’est à elle à faire face aux dettes. » (Comm. par M. Raymond de Gigord.)
(8) A. F., France, vol. 636, À. 76. — Le duc de SÉRENT, rendant compte de son Administration dans les provinces méridionales (A. N., O* 2639, dossier 13), au chapitre intitulé : « Vivarais et Languedoc », signale en première ligne d’Antraigues, qui, dit-il, « sans cesse occupé des intérêts de la bonne cause, et entretenant dans l'intérieur une correspondance fort étendue, a fait