Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits
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Mais c’est au concile même de Trente que la vérité s’échappe du sein d’une politique longtemps voilée et que le grand motif du célibat des prêtres, caché dans l'esprit profond et dissimulé du pape Grégoire VII, vient se placer dans la bouche naïve de Pie IV. On l’informe que le mariage des prêtres s’agite dans le concile; il en témoigne aussitôt son mécontentement par ses légats, il ne s’autorise ni des mœurs, ni des ordonnances précédentes, ni de la religion : € Ne voyez-vous pas, dit-il, que l'introduction du mariage parmi le clergé, en tournant toute l’affection des prêtres vers leur famille et les liant par là même à leur patrie, les détacheraïit en même temps de la dépendance du saint-siêge ? — Ne voyez-vous pas, ajoute le cardinal Carpy, qu’une femme, des enfants, sont des espèces d’otages qui répondent aux princes de l’obéissance des prêtres ? les marier, c’est confiner étroitement le pape dans Rome.» Je crois, Messieurs, qu’il n’est pas possible de mieux plaider devant une assemblée de citoyens pour le mariage des prêtres, que ce pape et ce cardinal ne viennent de le faire en voulant plaider dévant un concile pour le célibat.
Depuis cette époque jusqu’à nos jours, vous me dispenserez sans doute, Messieurs, de secouer tous _ les feuillets de l’histoire, nous ne parlons ici que des choses, nous ne voulons point blesser les personnes; nous distinguons les inconvénients inhérents à l’état davec les vertus particulières à plusieurs de ceux
qui l’exercent. Mais en général, l'homme est toujours 9