Un faux Louis XVII : le baron de Richemont en Alsace 1848-1851

os de sa fermeté et de sa discrète simplicité. Sans avoir l’air de le questionner, nous lui fournîmes l’occasion de s’expliquer sur plusieurs circonstances difficiles de sa vie. 11 le fit avec beaucoup de candeur avec plus de développements que nous n’osions espérer et sans éprouver le moindre embarras. Jamais nous ne l’avons trouvé en défaut. Mais ce qui nous a le plus surpris, ce sont ses principes religieux et politiques et leur parfaite conformité avec toutes les règles du dogme catholique et de la vie chrétienne. Ce qui nous étonna d’autant plus qu’il nous avait été dépeint sous de toutes autres couleurs. Ce n’est que les larmes aux yeux qu’il nous parla des faveurs que Dieu lui avait accordées dans l’humble chapelle de Niederbronn.

Le lendemain la sainte messe et la confirmation furent fixées à 7 heures et demie. Personne n’y assista que les deux compagnons de voyage du baron, M. Spitz, curé de la cathédrale, !) l'abbé Lienhart et notre neveu et secrétaire, l’abbé Kœnig. ?) Avant la sainte messe _j'ai envoyé l’abbé Lienhart pour lui demander s’il voulait aussi rece. voir la sainte communion et si auparavant il n'avait pas besoin de son saint ministère. Le baron lui répondit, qu’il désirait communier et que jamais de sa vie il n’avait éprouvé ce calme et ce bonheur; -qu’il ne sentait même plus d’impatiences, lui que jadis la moindre -chose impatientait.

Après la confirmation, l’abbé Lienhart prit congé pour retourner à Niederbronn. En lui faisant ses adieux le baron pleura comme un <nfant, nous en fit après ses excuses, disant, qu'après avoir été aban-donné et persécuté toute sa vie; il était profondément touché de la bonté et du dévouement qu’on lui témoignait.

Dans le courant de la journée le baron alla voir la ville, la cathédrale, la statue de Kléber*) et Mme Vve Picquet dont le mari lui avait été très dévoué et dont l’oncle avait été maître de dessin des princes. Mme Picquet montra à l’Aowme le portrait de son oncle, qu’il avait vu souvent dans sa tendre jeunesse, en lui disant : « Voici, Mgr, le portrait de votre maître de dessin. » L’AÆommerépondit sur le champ: «Non seulement lui était auprès de moi, mais aussi sa sœur qui fut “une de mes femmes des chambre, » circonstance dont Mme Picquet

1) Ami intime de M. Lienhart et ancien supérieur du Petit Séminaire.

2) Plus tard curé de Rosheim.

3) Richemont disait qu'après avoir été sauvé du Temple et méconnu par les siens, il s’engagea dans l’armée de Kléber en Egypte, perdit la foi et devint “même ardent républicain. Il fallait être crédule à l'excès pour admettre une pareille auto-biographie.