Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
SOUS LE CONSULAT. 269
en est une dont les vers et l’esprit ne sont pas sans agrément : c’est Florian, de Bouilly et Pain. Prenant comme texte la sollicitude de Florian envers l’infortuné poète Gilbert et son intervention généreuse en faveur d’un paysan poursuivi comme braconnier, ils mettent en scène (rabrielle, fille du paysan, et son prétendu, — personnification vivante d’Estelle et Némorin, — qui célèbre les vertus de l’aimable fabuliste. Le jeune Victor — le prétendu — chante :
Mon cœur, naïf et sans détour,
A son berger sert de modèle;
Il écrit nos serments d'amour,
Dans Gabrielle il peint Estelle.
Quelqu'un m'a dit de cet auteur
Que, pour peindre sans imposture,
Il prend les vertus dans son cœur, Et ses tableaux dans la nature.
Dans le prologue, Arlequin, afficheur pour la circonstance, avait dit en rapportant les églogues dramatiques de Florian :
Pour m'altendrir son nom suffit; Par lui je fus bon fils, bon père, Et pour m'enrichir, il me fit Deux bons billets sur le parterre. Daignez m'acquitter aujourd'hui; Point de querelles, de tapage… N'allez point chagriner celui Qui fit le bon ménage.
Je ne donne pas ces couplets comme des chefs-d’œuvre ; si je les cite, c’est parce qu'il est piquant d'entendre un parterre qui chantait la Carmagnole et le Ça ira, À ny
a pas dix ans, applaudir complaisamment la versification fade et sentimentale des vaudevillistes du jour.