Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes
* 122 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE
travers la plaine du Frioul) et voici que se pose un véritable problème, celui des frontières naturelles de l'Italie.
Un des arguments le plus fréquemment invoqués est le suivant : l'Italie réclame les territoires de Gorica, de l'Istrie et de Trieste parce que ces territoires constituent Ja fron. tière stratégique naturelle de l'Italie. — Tout Etat désire posséder des frontières stratégiques, et non point seulement l'Italie, mais aussi les voisins de l'Italie. En fait, les prétentions unilatérales de l'Italie à une frontière stratégique ne peuvent manquer de faire naître des désirs analogues chez les nations voisines, =
Les géographes italiens ne se sont pas encore mis d’accord pour reconnaître la ligne des Alpes Juliennes comme la frontière créée par la nature. Dire que la frontière italienne suit tout au long les Alpes Carniques et Juliennes depuis Trbiz (Tarvis) jusqu'au golfe de Quarnero, c’est plutôt une aspiration poétique qu'un fait de géographie politique. Voici la réalité : les Alpes Juliennes sont coupées par de larges vallées; c'est un chapelet de montagnes, ce n’est nullement une chaîne continue. Leur étendue totale est de 260
kilomètres, dont 8o seulement (du Prédil à l’Idrija) for-.
ment: une chaîne alpesire ininterrompue. Les vallées de Ja Baca et de l’Idrija sont un couple de larges el profondes surfaces qui brisent complètement la continuité des Alpes Juliennes. Le district compris entre les deux vallées de la Baca et de la Vipava est traversé par une chaîne centrale n'ayant pas de profil nettement déterminé. Et qui oserait s’avancer jusqu'à affirmer que le plateau du Carso est yraiment propre à déterminer exactement la frontière italienne? La phrase relative aux « frontières naturelles » de l'Italie est une réclame politique du type usuel, sans aucune justification réelle. :
La nature a fixé les vrais confins de l'Italie: voilà une autre maxime patriotique. Le climat de Vipava et de Gorica est plus méridional que celui de la Carniole et la végétation en est plus riche. — Néanmoïns, cela ne prouve pas que