Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes
PRÉFACE 9
aux Alpes et à la frontière, à l’est à ses frères de
Croatie, le rempart des « Slovènes », branche la plus
occidentale des Slaves du Sud, est aujourd'hui l'objet d'une poussée formidable; on veut, sur ses débris, ouvrir la voie vers l'Adriatique.
Dans une lettre du 20 mars 1884, adressée au chef du parti national serbo-croate en Dalmatie, le célèbre évêque de Djakovo, Mgr Strossmayer, écrivait ces lignes d'une sûreté de vue remarquable : « Ces maîtres viennois ne travaillent que pour le roi de Prusse. De Maribor (Marburg) à la mer, Dieu a gardé et sauvé par miracle les Slaves pour barrer le chemin de Trieste et de l’Istrie
au germanisme prussien, et les Viennois, en effaçant,
le slavisme et introduisant le germanisme, ouvriraient le chemin à ses pires ennemis ».
La guerre actuelle a des raisons profondes et diverses: mais l'une de ces raisons, et celle-là même qui jut la cause immédiate du conflit, est la volonté arrêtée des Austro-Allemands et des Magyars de briser le rempart que les nations sud-slaves, slovènes, croates et serbes dressaient entre la masse allemande et les mers du sud : l'Adriatique, d'une part, les Dardanelles et l’Egée, d'autre part. Une partie déjà considérable de ces peuples, cinq millions d'âmes environ, vivaient libres en Serbie et au Monténégro, et ce foyer d'indépendance agissait par sa vertu souveraine sur les huit millions de Slaves du Sud que dominait la double monarchie.
Le problème se posait en ces termes : Peut-on maintenir cette division du peuple yougo-slave en deux troncons, l’un vivant de sa vie propre hors de l’Auiriche, l’autre soumis aux lois de cette dernière? Si cette divi-
Cod né,