Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

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dre la mer entre Monfalcone et Trieste, dans le voisin age de Nabrezina. Trieste, ainsi que Na er Koper (Capodistria) et Pirano devaient former un Etat souverain indépendant. Les îles de Hvar (Lesina), Vis (Lissa), Korcul (Curzola), Eastovo (Lagosta) Peljesac (Sabioncello), Palagruza (Pelagosa) et Mljet (Meleda) auraient été cédées à l'Italie. Telle devait être l'affaire à conclure avec l'Autriche.

Mais, en même temps, l'Italie négociait également avec la Russie. Seulement les promesses demandées à la Russie en retour à l'adhésion de l'Italie étaient beaucoup plus considérables. Il n'était plus question d’un Etat libre de Trieste. La rivière Rasa (Arsa), en Istrie, devait marquer la frontière entre l'Italie et la future Croatie. Une partie de la Carniole devait revenir à la Croatie, ce qui signifiait que la diplomatie russe devait abandonner à l'Italie le reste de cette région, qui est le cœur même des pays slovènes. Quant aux autres territoires de cette nation, il n’en était même pas fait mention dans les propositions russes à l'Italie. Au sujet des îles dalmates, la diplomatie russe s’efforca d'arriver à un compromis entre le principe des nationalités et l’étatmajor général italien.

Auprès de la Triple-Entente, l'Italie faisait valoir des prétentions encore plus exagérées, qu’un Français, Charles Vellay, à résumées ainsi dans son livre « La Question de l’Adriatique » : « L'Italie exprimait catégoriquement nee om ed — un désir qui ne s’embarrassait d'aucune considération de justice ou de raison. Elle découvrait complètement ses aspirations, c’est-à-dire la destruction de toute rivalité sur mer, la domination absolue ». C'est de propos délibéré que j'ai cité les paroles de cet écrivain français distingué. Les faits parlent assez clairement par eux-mêmes. La future frontière eroato-italienne devait courir au sud de Fiume; en d’autres termes, Fiume devait devenir territoire italien. Les côtes, depuis l’embouchure de la Zermanja jusqu'à celle de la Narenta, devaient tomber aux mains de l'Italie, c'est-à-dire cinq cents kilo-

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