Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

176 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE

du Sud, il était clair qu'une consolidation de la vie politique des Slaves des Balkans exercerait une répercussion importante sur les relations des Slaves du Sud avec la Monarchie. La guerre des Balkans fut le grand événement qui transforma un mesquin patriotisme de clocher en une fière conscience politique de soi-même. Afin de bien saisir l’importance de ces événements, il faut montrer qu'aucune union nationale politique n'a jamais été resserrée avec une vigueur aussi impétueuse que celle des peuples balkaniques. L'unification de J’Italie eut plus ou moins pour cause des revers politiques et se fit avec l’aide de l'étranger. En Allemagne, la constitution de l’union fut le fruit d’un long et lent développement. Chez les peuples balkaniques, cette explosion spontanée d'énergie fut absolument inattendue.

Il est important de remarquer quelle répercussion produisit sur les Italiens et les Allemands de l'Autriche la constitution des deux grandes nationalités politiques du x1x° siècle. Avant l'unification politique de l'Italie, il n’y avait pas de nationalisme italien en Autriche. Les débuts du mouvement italien aux reyendications strictement nationales ne sont pas antérieures aux années 60. C’est un effet beaucoup plus désastreux encore qu'exerça sur le sort de l'Autriche l'unification de l'Allemagne. Il est certain (et les événeménts postérieurs n'y contredisent nullement) que Hohenwar et Schäffle auraient mené à bonne fin l'établissement d’une constitution fédéraliste, si la France n'avait pas été si malheureusement vaincue en 1870. |

Quand, en 1908, au congrès panslaviste de Prague, Russes et Polonais se serrèrent les mains en signe de réconciliation, il se produisit un événement très significatif. Les Sloyènes, les Croates et les Serbes qui étaient membres du congrès

s’unirent les uns aux autres en un groupe Yougo-slave, de

telle manière qu'un groupe uni de Yougo-Slayes apparut à côté des groupes constitués par les Russes, les Polonais, les Tchèques et les Bulgares.

Bien qu'une cordialité vraiment fraternelle ait foujours