Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes
178 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE
nouveau dans les relations mutuelles des Serbo-Croates et des Sloyènes. À Zagreb, les professeurs slovènes enseignaient à des Bosniaques, à des Dalmates et à des Istriens. La pensée de l'unité yougo-slave se montra toujours plus clairement à l’horizon et l’idée de la solidarité yougo-slaye pénétra irrésistiblement dans le cœur des intellectuels sloyènes, comme une force de la nature. Chacun comprenait que les jours du particularisme slovène étaient comptés et que la vie nationale slovène exigeait impérieusement lé solide appui de ses frères, les autres Slaves du Sud. Qu'était-ce qu'un million et demi de Slovènes, politiquement et économiquement faibles, dans la lutte gigantesque que se livraient à ce moment-là même le germanisme et le slavisme? Un groupe uni yougo-slave pouvait seul espérer compter pour quelque chose dans ce conflit. La guerre mondiale et la terrible puissance du pangermanisme, qui aurait-sans douté ruiné complètement les Slovènes, ont prouvé combien la nouvelle idée yougo-slave était devenue une nécessité inévitable et (on peut le dire) un ordre de la nature.
Le principe fondamental de cette idée, telle qu’elle s’est eñracinée dans l'esprit des Slovènes, est admirablement défini dans une résolution prise, en 1913, par les plus jeunes des intellectuels sloyènes. De cette résolution, voici les termes :
« C’est un fait que nous, Sloyènes, Croates et Serbes, nous formons un groupe linguistique et ethnique compact, que nous avons des conditions économiques semblables et que nous sommes indissolublement liés les uns aux autres par un sort commun sur un territoire commun, qu'aucun des trois peuples ne peut aspirer à un avenir séparé. Puisqu'il en est ainsi, et en considération de cet autre fait que, parmi les Slovènes, les GCroates et les Serbes, la pensée nationale yougo-slave est précisément aujourd’hui fortement développée, nous ayons étendu nos sentiments nationaux par delà les frontières aux Croates et aux Serbes, en même temps que, parmi éux aussi, se répandait l’idée d’une réciprocité
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