Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes
LA LUTTE POUR LA VIE INTELLECTUELLE 1 89
draient pour l'élément germanique des rivaux par trop dangereux. Pendant la courte, mais glorieuse période de la domination française sur les pays slovènes, Napoléon donna à ce peuple une sorte d'Université. Plus tard, on demanda la création d'une Université slovène, avec une particulière énergie en 1848. À Ljubljana (Laïbach), en 1849, des cours de droit civil et criminel furent faits en slovène. À l’Université provinciale de Graz, en Styrie, le juriste slovène bien connu Kranjec (Krainz) professa le droit civil en langue slovène. Bien que les Sloyènes représentent un tiers de la population de la Styrie, les cours professés en cette langue à l’Université de Graz furent bientôt suspendus, dans la crainte de mettre en péril l'influence allemande dans cette Université et cependant la langue slovène mérite quelques égards à l'Université provinciale de Graz, puisque des cours sont bien professés en italien à l’Université de Berne, en allemand aux Universités de Genève et de Lausanne.
Aucun gouvernement autrichien n’a eu l’audace de nier la justice des réclamations slovènes au sujet d'une Université. En Autriche il y a cinq Universités pour g millions d’Allemands, deux pour 4 millions de Polonais et une pour 6 millions de Tchèques. Les 4 millions de Ruthènes, les 760.000 Italiens et les 2 millions de Yougo-Slaves de la moitié autrichienne de la Monarchie ne possèdent à eux aucune Université nationale.
Les Autrichiens pouvaient trancher promptement, et sans même dépenser un sou, la question d'une Université slovène. L'Université François-Joseph de Zagreb (Agram) est la plus ancienne des Universités yougo-slaves. Le programme y comprend des cours de droit autrichien à côté d’autres de droit croate, et plusieurs membres du barreau sont Slovènes. Depuis que cette Université a été fondée vers 1870, il a toujours été question d'établir une équivalence entre elle et les Universités autrichiennes. Les Croates autrichiens et les Sloyènes demandent qu'un étudiant soit tenu pour capa-