Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

68 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE

le Soca (Isonzo) et la Save, jusqu'à la Bosnie, constituait le territoire slovène. Par la paix de Schünbrunn, la Carniole, la partie slovène de la Carinthie, une partie du Tyrol, la Groatie au sud de la Save, ainsi que Trieste, Gorica (Goritz), Gradisca et la partie autrichienne de l'Istrie furent cédées à Napoléon par l’empereur d'Autriche. La Dalmatie, l'Istrie vénilienne et la République de Raguse avaient antérieurement déjà été prises par la France. De ces pays, Napoléon forma les « provinces illyriennes », et, de cette manière, contraignit les Yougo-Slayes, les Italiens et les Allemands de vivre à côté les uns des autres. Mais les Slayes du Sud devaient être la base de cet Etat, dans lequel ils constituaient une écrasante majorité, et la ville slovène de Ljubljana (Laybach) devait être la capitale de ce nouvel Etat yougoslave. Jamais jusqu'alors les habitants de la Carniole, les Dalmates, les Tyroliens n'avaient été unis sous une administration commune. Marmont remarquait avec justesse que les Croates des Confins militaires, les marchands de Trieste, les propriétaires fonciers de la Carniole, les mineurs de l’Istrie et de Pliberk (Bleiberg) aussi bien que les marins de la Dalmatie et de l’Albanie, étaient tous assujettis aux mêmes lois dans cet Etat polyglotte. Mais Napoléon ne mit jamais en doute la possibilité de réunir tous ces facteurs, si différents en apparence. en un Etat unique, sous une administration légale homogène.

Que Napoléon ait réuni les « Terre irredente » non pas à l'Italie, mais aux pays illyriens, c’est là un fait significatif.

Napoléon discerna promptement que Venise et Trieste doivent toujours être des rivales et ne pourront jamais être des alliées. Le 15 septembre 1809, un mois avant la paix de

Schônbrunn, il écrivait qu'il voudrait anéantir Trieste, parce

que n'ayant, somme toute, aucune importance, puisque Venise était en son pouvoir. Son génie lui faisait pleinement prévoir qu'annexion à l'Italie signifierait pour Trieste, en fant que port de mer, ruine économique et commerciale.

L'administration du nouvel Etat fut réglée par le décret

CS