Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

RENAISSANCE POLITIQUE DES SLOYÈNES D]

Ljudevit Gaj créèrent dans les pays sud-slaves un mouvement social intellectuel d’une grande portée. Les jeunes générations tressaillirent dans le joyeux pressentiment de l'aurore d'une nouvelle vie intellectuelle et politique. Délivrance du joug honteux de l'étranger dans foutes les sphères de la vie politique et intellectuelle, tel fut alors le mot d'ordre; les hommes les plus éminents de la nation luttèrent pour donner à leur pays une vie nouvelle et-nationale. Plus de langues germano-latines, ni magyarel Laissez renaître la langue du pays et s’éveiller une littérature nationale! Un peuple qui comprend bien son caractère yougo-slave ne subira pas davantage une loi politique étrangère. à

Les « Illyriens » ne furent pas obligés de créer une langue littéraire artificielle. L'idiome bosniaque, dans lequel le peuple chantait ses épopées; était indubitablement une langue naturelle, mélodieuse, littéraire, comprise de toute la nation. Elle avait le grand avantage de n'être pas seulement l’idiome de la plupart des Croates, mais aussi celui de tous les Serbes. Certes, les Croates des vieux pays croates de Krizevac, Varazdin et Zagreb (Agram) parlaient un dialecte plus proche de celui des Slovènes, leurs voisins de l'Ouest, que ne l'était celui des Dalmates et des Slavons, ou bien des Serbes qui faisaient à ce moment encore partie de la Turquie. Néanmoins, les chefs du mouvement illyrien furent certainement guidés par un instinct sûr et droit; grâce à lui, ils purent prévoir que, dans l'avenir, le foyer de la vie nationale yougo-slave serait transporté au sud-est, en Serbie.

La situation créée par les « Illyriens » de Zagreb (Agram) n'était pas toutefois sans présenter quelque danger pour les Sloyènes qui devaient d’abord s'affranchir eux-mêmes de la double influence germanique et italienne. La langue littéraire nouvelle, la Sfokavscina, différait, en fin de compte, de la Kafkavscina des Sloyènes. Le poète Presern et ses disciples pensèrent quil serait préférable pour les Slovènes d'adopter comme langue littéraire un dialecte de la Carniole.