Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 341

armées catholiques et royales, les succès remportés les premiers jours d’octobre, vieux style, n’eussent pas été à l’avantage de la République. J’en appelle au témoignage de Prieur de la Marne et ses collègues, à l’interrogatoire subi par Delbecque, lequel interrogatoire prouve que si l’armée n’eût pas passé la Loire contre son gré, la Vendée ne serait pas détruite. C’est à tort que l’on dit que Charette, ainsi que son armée, sont en déroute. Ils se forlifient en hommes tous les jours. Les 4000 hommes au moins qu'il a, sont bien armés. Les assassinats qu'il commet ne tombent, comme on le peut bien penser, que sur des patriotes. Nos forces sont plus que suffisantes pour les anéantir, mais il semble que les généraux et les états-majors ont gravé dans la mémoire, ainsi que dans le cœur, ce que le maréchal de Biron dit à son fils: « Si vous exécutez votre plan, la guerre est finie et vous serez obligé d'aller planter vos choux. » Il parait, nous qui voyons la guerre de plus près, que les hommes éloignés de cent lieues de ce théâtre ajoutent foi aux déclarations qui leur sont faites par des hommes qui désirent, pour leur propre intérêt, la continuité de cette guerre. Il suffit pour se pénétrer de cette vérité d'examiner que nous sommes obligés de marcher aujourd’hui sur douze colonnes, non pas, comme on nous le dit, pour balayer la Vendée, mais bien pour cerner seulement Charette. Je ne parle point des autres troupes de brigands qui ravagent encore aujourd’hui les parties de Saint-Florent et autres lieux adjacents. Il est de l'intérêt national pour découvrir la vérité d’avoir des agents qui ne tiennent ni à la représentation ni au Comité de Salut public, ni au pouvoir exécutif. Il faut des hommes, qui, choisis par la représentation elle-même, soient dégagés de tout intérêt personnel et de tout esprit de parti pour prendre sur les lieux les renseignements des retards apportés à la cessation d’une guerre qui n'aurait pas dû durer trois mois, si les intérêts personnels n’en eussent été le principal mobile.

Je renvoie le tout de ces vérités aux déclarations faites par Delbecque avant sa mort, aux témoignages de tous ceux qui les ont entendues et aux frémissements des généraux .…

Paris. — Typ. Chamerot et Renouard, 19, rue des Saint