Variétés révolutionnaires

94 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

rien, menée par sa tête folle, subit l’ascendant des tantes de son mari et des Choiseul, malgré les conseils de Mercy Argenteau ; dès le 9 juillet 1770, dans une lettre à sa mère elle traitait la Du Barry de « la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable {sic) ». Elle refusait de parler à la favorite, de la regarder, ce qui faisait dire par MarieThérèse, par la grande impératrice qui appelait la Pompadour « ma bonne amie » sans la moindre vergogne, « Un mot vous coûte tant de grimaces, pures grimaces, ou c’est pire. Quelle bonne raison pouvez-vous alléguer pour agir ainsi? Aucune. »

La faction Choiseul avec ses libellistes à gages a dénaturé de parti pris le caractère de Mme Du Barry. La favorite parfaitement élevée au couvent de Sainte-Aure, douce, simple, bienveillante pour tous, n'était pas le moins du monde la courtisane cynique à qui l’on a fait des mots devenus historiques, quoique inventés de toutes pièces, comme celui du café, dont nous parlerons plus loin. Du reste, il ne faut pas oublier que les documents des archives de Vienne, les seuls absolument authenthiques, nous montrent Marie-Antoinette blâmée par sa famille dans tous ses démêlés avec la Du Barry. On a aussi fort exagéré le rôle politique de la maîtresse de Louis XV. Le roi avait été dégoûté pour toujours, par le long règne de la Pompadour, des femmes qui prétendaient s'occuper des affaires publiques. Ne nous a-t-on pas montré la Du Barry si amie de son repos bataillant