Variétés révolutionnaires

116 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

dans l'Encyclopédie et les livres de Montesquieu, de Diderot, de Mably, d'Helvétius, de J.-J. Rousseau ; ce dernier, avec Emile et le Contrat social, propagea une abondante lignée d'hommes « sensibles », à commencer par Maximilien de Robespierre, et ses Confessions elles-mêmes ne furent pas sans influence, si l'on en juge par certains passages scabreux des Mémoires de Mme Roland. Presque autant que les philosophes du dix-huitième siècle, l'antiquité marqua de son sceau l'esprit des révolutionnaires ; les fortes études classiques qu formaient la base de l'éducation d'alors ont laissé une trace ineffaçable chez tous les hommes politiques de cette forte génération. Les citations de Cicéron, de Virgile, d'Horace ou de Tacite abondent dans leur bouche comme sous leur plume. On n'a, pour s'en convaincre, qu'à relire les discours de Mirabeau ou de Robespierre, comme les pages spirituelles des Révolutions de France et de Brabant et les admirables plaidoyers du Vieux Cordelier en faveur de la politique de clémence.

Mais pour entreprendre cette étude littéraire, il faudrait d'abord posséder un texte précis. Ce texte fait souvent défaut, car il n’y avait alors ni sténographes ni comptes rendus officiels. Le Moniteur universel, qui paraissait déjà, n'était qu'une entreprise privée, créée par Panckoucke. Pourtant ce recueil s'était fait dès le premier jour une place à part en insérant les discours communiqués en manuscrit et en publiant une analyse très vivante des