Variétés révolutionnaires

UNE LETTRE INÉDITE DE MADAME TALLIEN 165

reverra pas de sitôt. Vends aussi une cassette en bois de

noyer; je suis fâchée de ne pouvoir vendre une partie

de mes robes, car mes deux mois de cachot me coûtent

horriblement cher. Joseph doit avoir deux bouteilles

d'huile que me donna Guéry peu de jours avant mon

départ. Fais, je t'en conjure, tout de suite, un envoi de

vins, de sucre, de café, de thé, de bougie: tout cela

m'est absolument indispensable. Gramont est porteur

de 3,200 livres payant ici le mémoire de Sicard. J=

magine qu'avec la vente de mes effets Awson aura assez l d'argent; au surplus, Guéry part dans quatre ou cinq

jours et en portera encore. Je voudrais que tout vint par la diligence ou la messagerie, les rouliers mettant des siècles en route. Le citoyen Ysabeau m'a promis

de favoriser tout cela: ainsi, mon amie, adresse-toi à lui, s’il faut quelque permission. Quant aux petits

objets, tu pourrais m'en envoyer par des occasions,

par des personnes qui partent pour Paris ; on se chargerait peut-être de ces petits paquets, et ce serait autant d'épargné; au demeurant, je m'en rapporte à toi pour l'économie.

Je me bornerai à te dire que Fontenay à fait mille infamies, m'a vendu des maisons, des terres qui n'étaient point payées et qui étaient vendues par lui argent comptant à d’autres, ce qui diminue considérablement ma fortune. J'avais du savon; envoie-le moi aussi.

Je voudrais pour 500 livres de sucre et de café, tous frais faits: pour autant d'huile, de thé et de savon. Je remets, mon ange, mes intérêts entire tes mains, bien sûre qu'ils ne peuvent être mieux placés ; tire parti de tout.

Je crois devoir te prévenir que la vieille guitarre m'a coûté 96 livres. Adieu: comme. on n'exprime jamais bien la reconnaissance, je me tais vis-à-vis de ta mère, de ton père et de ton mari, persuadée que ma Constance ne doute pas de sa vivacité, de sa sincérité et de sa