Variétés révolutionnaires
LUCIEN BONAPARTE 309 des Cing-Cents, grâce au prestige du nom de Bonaparte, afin de pouvoir servir plus utilement les complots de son frère et de Sieyès. Les conjurés se comptèrent le 15 brumaire, au banquet donné par les deux conseils à Moreau et à Bonaparte dans l'église Saint-Sulpice ; Jourdan et Augereau avaient refusé d'y assister. Les événements se précipitaient; le conseil des Anciens, en majorité vendu ou séduit, décréta, le 18, le transfert des conseils à SaintCloud, et investit le général Bonaparte du commandement en chef de Paris. Trois des cinq directeurs étaient du complot. Le 19, eut lieu dans l'orangerie de Saint-Cloud la scène fameuse qui marqua la chute des libertés françaises. Bonaparte, comptant sur son étoile, n'avait pas voulu écouter Sieyès, qui conseillait de ne pas convoquer à la séance les députés notoirement hostiles aux conjurés. Aussi le tumulte fut-il grand. Lucien, mis en demeure de faire déclarer son frère hors la loi, quitta le fauteuil, alla rejoindre les soldats et rentra avec eux dans la salle pour disperser les représentants de lanation. C’en était fait de la République. Lucien, qui ne manqua pas d'énergie ce jour-là, se donne un rôle prépondérant; il cherche à rendre la conduite de Bonaparte moins odieuse en parlant des dangers qu'il aurait courus. Il répète lawfable des poignards levés contre le misérable fugitif d'Égypte. I] faut pourtant noter que l’anecdote du grenadier Thomé couvrant le général de son corps, la tunique percée de, coups, n'existe pas dans l'original. Ce