Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 331 le jour, et qu'il pourra, lui s’en occuper le soir et toute la nuit. Elle appelle son auguste frère vieux pourri, et demande deux bouteilles de rob Laffecteur. » Mais le souverain de l’île d'Elbe ne se contentait pas de se livreraux joies douces de la famille ; il entretenait une correspondance suivie avec le continent ; en vue d'une action politique prochaine, il contractait partout des emprunts et embrigadait ses anciens officiers de la garde.

Louis XVIII connaissait, grâce aux dépêches de ses agents diplomatiques, les intrigues nouées en Italie par les membres de la famille Bonaparte, par Lætitia, Pauline et Lucien. Ce dernier se mit en rapport avec Fouché et Carnot pour travailler au relèvement d'un empire « libéral » dont il espérait bien ne pas être expulsé comme de la République consulaire et de l'empire triomphant de 1804. Murat lui-même, après avoir trahi une première fois Napoléon d'une façon abominable, conspirait avec lui, toujours admirable par son absence de sens moral. Le gouvernement français finit par s’émouvoir et il forma le dessein de réclamer au congrès de Vienne l'internement de Napoléon dans un lieu plus isolé que l'ile d'Elbe, aux Açores parexemple, et même celui, plus hardi, de faire enlever l'empereur. Ces tentatives échouèrent, car Bonaparte était tenu au courant jour par jour des projets de * ses ennemis. Quand il sut que le congrès de Vienne allait prendre contre lui des mesures de précaution, l'empereur se résolut à agir. Il quitta l'île d'Elbe