Variétés révolutionnaires

LUCIEN BONAPARTE 339.

aborder Civita-Vecchia, car le gouvernement papal, responsable de son hôte, se tenait sur la défensive. Les puissances européennes, craignant l'esprit d'intrigue du frère du prisonnier de SaintHélène, voulurent l'interner dans une ville du nord de l'Allemagne plus facile à surveiller. Lucien, qui était à l'affût de toute occasion de se sauver, protesta avec une belle indignation auprès du cardinal Consalvi, disant qu'il avait donné sa parole d'honneur de ne pas s'enfuir. Les ambassadeurs étrangers insistaient pour qu'on éloignât Lucien de Rome. Mais le pape intervint une fois de plus pour le protéger. Pie VII connaissait bien « cette bonne pièce de Lucien », comme il l’appelait, incapable de s'occuper sérieusement de politique huit jours de suite, toujours acharné à faire de mauvais vers, de beaux enfants, des dettes et de l'astronomie, à laquelle du reste il ne comprenait absolument rien. Mais la mort -de Napoléon rendit la diplomatie européenne moins curieuse de surveiller ses frères : Lucien ayant formé le dessein de marier son fils aîné avec une des filles de Joseph, voulut aller rejoindre celui-ci en Amérique ; le projet de voyage échoua,et le mariage eut lieu à Bruxelles en 1822. Le prince de Canino retourna en Italie faire des vers et de l’agriculture. -En 1830, il habitait la Croce del Biacco, près de Bologne, et y jouait, sur un théâtre construit par lui à cet effet, sa tragédie les Enfants de Clovis. Elisa et la belle Pauline, un peu fatiguées par la vie, étaient mortes, la première en 1820, précédant