Variétés révolutionnaires

THÉVENEAU DE MORANDE 43

a cru qu'il était mieux de les laisser vieillir sans emploi jusqu'à extinction. »

Le comte de Lauraguais insulté par Morande (qui avait eu l'audace de lui attribuer la paternité du Gazetier cuirassé) alla à Londres lui administrer une volée de coups de canne, dont il le força à lui donner quittance par écrit. Le pamphlétaire, mal satisfait de ce traitement, estima qu'il serait peut-être moins dangereux d'attaquer la Du Barry, dont il avait déjà entretenu souvent les lecteurs en termes plus blessants encore pour la pudeur de la femme que pour l’orgueil de la favorite. La Du Barry était une mine d’or pour les spéculateurs de scandale. Son passé prêtait fort à la diffamation. Aussi les folliculaires s’acharnaient-ils contre elle, comme dix ans plus tard, ils s'acharnèrent contre Marie-Antoinette, pour se faire acheter par un gouvernement sans dignité les éditions entières de leurs pamphlets.

On peut deviner quelle fut l’exaspération de la Du Barry quand elle apprit par une lettre de Morande lui-même la publication prochaine d’un ouvrage en quatre volumes, orné de gravures, écrit à son intention sous ce titre : Mémoires secrets d'une femme publique. Tout Versailles trembla. Morande avait fait savoir au chancelier Maupeou que pour cinq mille louis comptant et 4,000 livres de pension réversible sur la tête de son fils il livrerait l'édition au pilon. La prétention parut forte. Un officier invalide, M. de Champreux, s’offrit pour