Variétés révolutionnaires

RIVAROL 79

III

Rivarol qui, en dépit de ses haines de petit journaliste et de ses rancunes de faiseur de mots, n'était pas un fanatique, devait forcément se trouver dépaysé au milieu de l'émigration. Il avait emmené la jolie Manette, une ci-devant officieuse, bête à faire pleurer, avec qui il se consolait des femmes d'esprit et de tous les bas-bleus de France, y compris son épouse légitime toujours délaissée. A Bruxelles, où ils s'arrêtèrent d'abord, la société des réfugiés français était profondément divisée. M. de Lescure donne sur ce camp volant des renseignements curieux. Nous nous permettrons seulement de sourire, quand il parle des objurgations que Marie-Antoinette, d'accord avec son mari, adressait à ses partisans pour les engager à rentrer paisiblement en France. Marie-Antoinette rappelant les émigrés à la raison et au devoir ! Cela semble une gageure. M. de Lescure ne connaîtrait-il pas, par hasard le billet de la reine à Mercy-Argenteau, en date du 26 mars 1792, tiré par le chevalier d’Arneth des archives impériales de Vienne, billet dans lequel l'indigne souveraine, loin de décourager l'émigration, livre aux ennemis de la France le plan de campagne arrêté la veille par le conseil des ministres ? Il est vrai que M. de Lescure blâme, dans une certaine mesure, l'alliance des émigrés avec