Variétés révolutionnaires

RIVAROL à étaient réduites à vendre des ouvrages à l'aiguille, On se rend facilement compte de l'influence exercée par ces misères sur les esprits. Dans un diner offert par le lord-maire à quelques émigrés de marque, Malouet avait à sa droite Rivarol et à sa gauche Cazalès, orateur de premier ordre, le cerveau le plus puissant et le mieux équilibré du parti royaliste, mal vu des petits marquis à cause de sa supériorité intellectuelle et morale, à cause surtout de sa noblesse douteuse. Les convives, aigris par la mauvaise fortune, échangeaient des paroles malsonnantes, ef l’infortuné Malouet eut souvent pendant le repas à interposer sa placidité auvergnate, plaidant les circonstances atténuantes pour son voisin de droite auprès de son voisin de gauche, et réciproquement. « Rivarol à pourtant de l'esprit », disaitil à Cazalès. — « Oui, riposta Cazalès, il à l'esprit d'un garçon perruquier. »

Ce milieu ne pouvait convenir à Rivarol; il se rendit à Hambourg, où se trouvait réunie l'élite de l'émigration, et y rencontra sa sœur, la très légère baronne d'Angel, avec son amant le général Du= mouriez. Les émigrés de Hambourg devaient travailler pour gagner leur vie ; les premiers noms de France figuraient sur les enseignes des boutiques de modes, des restaurants, des cafés, des magasins de meubles ; un Montmorency était pâtissier. Rivarol, homme de lettres jusqu'aux moelles, chercha à exercer sa profession. Il trouva une véritable

providence en la personne du libraire Fauche, le 5*