Variétés révolutionnaires

82 - VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

frère de Fauche-Borel, de Neufchâtel, le célèbre agent royaliste que les Bourbons laissèrent mourir de faim sous la Restauration. Fauche de Hambourg, était propriétaire du journal le Spectateur du Nord, où il fit une place à l’auteur de l'Almanach des grands hommes. Il songea ensuite à publier un Nouveau dictionnaire de la langue française et en confia la rédaction à l’illustre émigré, moyennant cmquante louis par mois. Rivarol s'engagea par traité à fournir dans un délai de six mois le manuscrit du discours préliminaire et celui des six premières lettres. Inutile d'ajouter qu'il ne tint pas ses engagements et ne livra jamais que la première partie du discours. Fauche eut beau mettre une sentinelle à la porte de son rédacteur, il ne put lui arracher que de rares feuillets de copie. Rivarol, plutôt que d'écrire, passait ses journées au lit. Il avait retrouvé à Hambourg une notable portion de la haute société parisienne ; son ennemie intime, madame de Genlis, tenait table ouverte et donnait des réceptions dont le critique acerbe des Dames nationales était rigoureusement exclu, et pour cause. Mais beaucoup d’autres salons s'ouvraient devant lui ; il put reprendre sa vie de parasite, même dans les maisons allemandes, sans toutefois se résigner à faire la cour aux Hambourgeoises, « momies imparlantes dont la robuste enveloppe interdit jusqu'aux désirs ». Peu à peu, pourtant, les rangs de l’émigration s’éclaircissaient: beaucoup de ceux qui avaient juré à la France révolutionnaire une haine