Variétés révolutionnaires

RIVAROL 83

implacable cédaient par lassitude et se décidaient à profiter des facilités de retour que leur offraient le Directoire d'abord, ensuite le Consulat. Le Sénat de Hambourg voyait d'un mauvais œil les émigrés qui se posaient trop ouvertement en adversaires de la France victorieuse. Aussi Rivarol, craignant pour sa sûreté, partit-il pour Berlin en 1800, avec une mission officieuse de Louis XVIII auprès du roi de Prusse, ambassadeur sans mandat d'un roi sans couronne.

Le terrible irrégulier devenait à peu près un personnage diplomatique. Le membre de l'Académie de Berlin, l’ancien protégé de Frédéric II fut accueilli chaleureusement, grâce à sa réputation littéraire. Mais la cour, travaillée par Beurnonville, l'ambassadeur de la République française, ne pouvait recevoir officiellement l'envoyé d'unprince déchu. Rivarol fut dédommagé de l’insuccès de ses démarches par des triomphes de salon, par les faveurs de la princesse Dolgorouki, celle-là même qui avait disputé le cœur de Potemkin à Catherine I. Mais sa santé ébranlée par les excès de tout genre ne résista pas à cette vie de fièvre. Il mourut le 11 avril 1801, à l’âge de quarante-huit ans, après une courte maladie.

Rivarol fut sans conteste une des plus vivantes incarnations de l'esprit français. Mais que reste-t-il de lui? Il a laissé un nom éclatant et pas une seule œuvre durable. Ses admirateurs eux-mêmes ne peuvent contester qu'il ait eu en politique des con-