Variétés révolutionnaires

86 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

rechercher si vraiment la dernière favorite de Louis XV fut à tel point indigne de pitié. Etait-elle exceptionnellement immorale ? Les témoignages contemporains, les témoignages sérieux voulons-nous dire, et non les plamphets licencieux ou les libelles intéressés, nous montrent ce que fut la femme de Guillaume Du Barry, pas plus corrompue que les trois sœurs de Nesles, Mmes de Mailly, de Vintimille et de la Tournelle, qui entrèrent successivement, après tant d'autres, dans le litde Louis XV; moins que la Pompadour, qui pendant dix-neuf ans, sous les yeux de la reine Marie Leczinska et de ses filles, afficha ses amours adultères et, quand elle devint incapable de conserver par ses charmes personnels la faveur du roi, lui fournit les plaisirs innocents du Parc aux Cerfs. Et pourtant, les ennemis de Mme Du Barry, non contents de censurer ses mœurs, lui ont reproché jusqu'aux dépenses imposées par elle au Trésor, dépenses infiniment moins exagérées que celles de la Pompadour, jusqu'aux fautes politiques commises ou préparées par ses ennemis.

Le rôle de Mme Du Barry est un des problèmes les plus curieux du xvirr° siècle. Plusieurs historiens ont essayé de le résoudre. Mais aucun n'a dans cet examen montré un sens critique aussi pénétrant que M. Charles Vatel (1), le conservateur de la salle

(1) Histoire de madame Du Barry, d'après ses papiers personnels et les documents des archives politiques, par Charles VareL. Mersailles, L. Bernard, éditeur. Trois vol. in-18.