Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 9237

plus grosses contradictions. Les préoccupations du mo. ment absorbent sa pensée ; son jugement varie avec les évènements, c'est-à-dire avec les dessous de sa politique. Il faut dire, à sa décharge, qu’elle est souvent de bonne foi; parfois mème elle est brutale dans sa sincérité. Necker jouissait déjà de quelque réputation, quand il fit paraître, en 1775, son ouvrage sur le commerce des grains. L'ouvrage fut remis à Catherine en 1777, par M. de Schouvalof. L'Impératrice le lut avec avidité, et chargea Grimm de dire à l’auteur, qu’elle savait de ses amis, que c'était un « excellent livre. » (1) Elle ajoute : « Voici qui est pour vous : l’auteur de ce livre, que je lis moi-même, est une tète profonde ; ce n’est pas un livre qui est fait pour tout le monde,et il nya qu'une certaine trempe de gens qui le comprendront ; je lai admis parmi mes livres classiques à moi. » On sait que les livres qui lui sont chers, elle les admet « à l'honneur du crayon rouge ; » l'ouvrage de Necker obtient cette faveur. Elle y relève cependant des erreurs. Elle ne peut pas se ranger de l'avis de l’auteur quand il parle du Nord ; mais elle l’exeuse : « N’y ayant jamais été, il n’en

(1) Lettre du ÿ octobre 1777,