Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNACG DE MEILHAN 239

par Ja vengeance, et jamais il n’a voulu réparer le mal que ses opérations ont fait à ses amis de peur qu’on ne le erût partial en leur faveur. Cela est peut-être d'un grand caractère, mais que je ne me sens pas le courage d'envier. Cela n'est pas consolant pour ceux auxquels il prend intérèt. » (4) :

Grimm était des amis de Necker. Mais nous savons

pourquoi il blämait le ministre de cet excès de probité. C’est parce qu'ilavait enlevé à Madame d'Epinay le petit revenu « de 1500 roubles» qu’elle se faisait sur les fermesgénérales. Necker avait jadis sauvé Mme d'Epinay contre la rapacité de l’abbé Terray: Il lui retirait aujourd hui ce qu'il lui avait fait accorder quelques années auparavant. Grimm se plaint amèrement ; mais il n'ose pas récriminer outre mesure, car il sait «le gouvernement endetté, et par conséquent toujours gueux et toujours aux expédients pour trouver de l'argent. » Necker est dans sonrôle, Grimm en convient, de défendre les intérèts du Trésor : il a dù supprimer tous les bénéfices sur les fermes, sans tenir compte de quelques situations intéressantes. Mme d’Epinay a été forcément sacrifiée. Grimm n’en rend pas moins justice au mérite financier de Necker. Mais il s’indigne que le ministreen soit réduit «à lanécessité de tondre sur un œuf. »

Cela n'empêche pas Grimm de s'écrier, quand Louis XVI appelle le marquis de Castries au ministère de la marine : « C’est le quatrième choix sublime de ce jeune monarque : Maurepas, Vergennes, Necker, Cas-

(4) Lettre à Catherine IT du 27 février 1781,