Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

242 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

rience. » Aveu qui en dit long sur l’état des finances de Russie ! Catherine avait été et se trouvait encore aux prises avec les embarras et les difficultés ; la lecture de l'œuvre de Necker pouvait lui être d’un utile secours.

Quand Necker tombe du pouvoir, elle ne cache pas la sottise que vient de commettre Louis XVI: « Enfin M. Necker n'est plus en place ; c'était un beau rêve que la France à fait, et une grande victoire pour ses ennemis. Le caractère de ect homme rare est à admirer dans ses deux ouvrages. Le roi de France a touché du pied à une grande gloire. » Un peu plus,‘ et Catherine s’écrierait : Quel imbécile, ce roi de France qui se prive naïvement des services d'un homme si merveilleusement doué! Elle se retient et se borne à dire : « Il fallait à M. Necker une tête de maitre qui suivit ses enjambées. » (4) On voit le cas qu’elle faisait déjà de Louis XVI en 1781 ! Ce sera bien autre chose, ainsi que nous l'avons vu, quelques années plus tard.

Est-il admissible qu’il y ait là, à l'adresse de Necker, des compliments banals qui ne coûtent guère à la plume d’une Impératrice ? Je sais bien qu'à ce moment Grimm lui parle d’un jeune Genevois qui « fait le portrait en émail supérieurement, » et qui a admirablement réussi Necker ; or, de l’avis de Grimm, il n’est pas de figure qui soit plus difficile à saisir sans tomber dans la charge que celle du grand financier ; et Catherine II ne répond pas à l'invite. Mais d’un autre côté quand Grimm lui demande l'autorisation de remettre à Necker

(1) Lettre à Grimm du 40 juillet 4784,