Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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cier genevois. Aussi s’écriera-t-elle que les finances de la France ne la regardent pas, et que le livre de Necker ne lui apprendra rien pour celles de la Russie, car elle sait tous les dangers qui en pareille matière doivent être écartés. (1)

Il va sans dire que Catherine mettra un empressement modéré à lire le nouvel ouvrage du financier. Autant elle a lu les travaux précédents de Necker avec le ferme désir d’y rencontrer le génie de l’auteur, autant nouvre-t-elle celui-ci qu'avec l’idée arrêtée de n’en pas partager l'esprit : «Je n'aime point du tout le génie fiscal, ni les inventions de gains brimboriaux, qui ne servent qu’à persécuter les gens et rapportent fort peu.» Elle espère néanmoins, que Louis XVI qui, dit-on, lit l'ouvrage, fera amende honorable et reprendra Necker, « Car enfin tout le monde n'est pas Louis XV, dont la protection n'était bonne à rien. » (2)

Le 10 août, Catherine n’a pas encore lu 20 pages du livre de Necker. Elle a pris deux fois le volume, mais « tant de choses sont venues à la traverse, » qu'elle a dû remettre cette lecture à plus tard :« Je lis présentement l'ouvrage de M. Necker, et quand je l’aurai lu, je vous en dirai un mot. » Le mot se fait attendre. Ce peu d'empressement chez Catherine qui dévorait les lectures les plus diverses, parfois même les plus parfaitement ennuyeuses, ne se compreudrait guère si nous ne la savions pas revenue de son enthousiasme.Le 8 novembre,

(1) Lettre de Catherine à Grimm du 22 avril 1788. (2) Lettre de Catherine à Grimm du 26 avril 1785.