Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

248 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

l'énigme. Nous connaissons l'admiration de Catherine en 1791 pour les ouvrages de Burke ; elle les porte aux nues parce qu’ils étaient dirigés contre la Révolution. Il en était de même des écrits de Calonne. Elleles jugeait avec sa haine de la Révolution, Quand Calonne est arrivé au pouvoir il y a représenté le parti de la cour ; il s'y est montré le défenseur maladroit et inutile de la royauté. Plus tard tout ce qu'il écrit contre Necker ou sur les finances de la France a pour but de défendre les prérogatives de la royauté. Il n’est pas surprenant que Catherine lui ait donné son approbation, jusqu’au jour où le voyant de près elle ait perçé à jour son ignorance et son immense vanité.

Necker représente une politique tout opposée. La cour de Versailles le subit, maïs le déteste. C’est en grande partie pour ce motif que la Tsarine l’a pris en aversion. Dès sa première chute du pouvoir, le financier genevois passe pour le défenseur des idées de liberté ; il dispose de la faveur populaire ; il a pour lui les elubs ; il est le représentant des idées nouvelles. Cela est unerime aux yeux de Catherine. Elle le boude d’abord, puis elle le malmène.

Mais nous savons que les calculs intéressés sont toujours le mobile déterminant des actes de Catherine IL. Nous serons sufüsamment édifiés sur les vrais motifs de l’aversion de Catherine pour Necker quand nous aurons rappelé qu’en 1788, au moment où Ségur travaillait à Pétersbourg à unir les politiques de la France et de la Russie, et où la cour de Versailles voyait ce rappro-

chement d’un œil favorable, Necker se prononça au