Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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hommes d’État. Celle-ci répond aussitôt : « Je suis très fort de votre avis sur le compte des ministres littérateurs : J'ai une très grande aversion pour eux. Votre Necker n’a jamais été mon homme, ni Hertzberg ne le sera : Un ministre qui n’a point de tact n’a point l’esprit juste, et par conséquent c’est une peste contre laquelle il y a des précautions à prendre. » (1)

Nous savons trop les discours violents que Catherine tient en 4791 contre la Constituante et son œuvre égalitaire, pour être surpris de son langage vis-à-vis de Necker. Il serait étonnant, au contraire, qu’elle ne prit pas de nouveau à partie l'ancien ministre de Louis XVI, comme le ministre de Sa Majesté Prussienne. C’est ce qu’elle fait : « Si jamais j'attrape le portrait de Necker, dit-elle à Grimm, il aura Cœur Montorgueil (2) pour pendant, je vous en réponds. » Encore trouve-t-elle à Hertzberg, « cette pécore qui n’a pas plus de connaissances en fait d'histoire » que sa perruche, des qualités de ténacité dont Necker manque totalement.

Et Necker fournit à la Tsarine, l’occasion de faire un reproche à son «souffre-douleurs !» Pourquoi Grimm n'at-il pas insinué au financier genevois,lors de son premier ministère, les erreurs et les difficultés de l'œuvre qu’il entreprenait? Pourquoi ne l’a:t-il pas détourné de se faire l'avocat et le propagateur d’une si détestable cause? Mais Catherine IL avoue aussitôt que cela n’eüt pas été possible, car le caractère de Necker ne l’eût pas

(4) Lettre à Grimm du 21 avril 1791. (2) Hertzberg.