Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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volontiers au jugement de Grimm qui jette Turgot, Necker et Calonne dans le « même panier. » (1)

Grimm survécut de 11 ans à Catherine II. La grande Impératrice mourait au moment où son vieux « souffredouleurs » lui écrivait que Turgot, Calonne et Necker, malgré leurs différences de caractère et de systèmes, étaient les « véritables auteurs du bouleversement.» Si Catherine en avait eu le temps, elle aurait sûrement approuvé son peu judicieux correspondant.

Les Émigrés et leurs partisans ne parleront pas autrement de Necker. Le jugement de Langeron, par exemple qui sert en Russie, mérite d’être rapproché de ceux de Catherine et de Grimm. Voici comment en 1796 il parle de Calonne et de Necker : « À ce misérable charlatan, à cet étranger égoïste et peu scrupuleux dans les commencements de sa fortune, à ce banquier gonflé d’orgueil et de sottises, et dévoré d’ambition.et dont la médiocrité en administration égalait les folles prétentions, à ce Necker enfin qui perdit le souverain et l'Etat qui l'avaient adopté, succède le Calonne, bel esprit de toilette, idole de quelques vieilles femmes, déprédateur aussi léger qu’inconséquent.» (2) Puisqu’un françaisavisé parle ainsi, faut-il être surpris de voir Catherine et son « souffre-douleurs, » traiter les ministres et les anciens ministres du roi de France avec ce sans-gêne, etaccuser

(4) Lettre déjà citée du 41 mai 1796.

(2) Mémoires inédits de Langeron. Archives du Ministère des Affaires Étrangères, Fonds de Russie, Mémoires et Documents, Tome 21.