Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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une vraie sympathie, sa foi la préserva de la philosophie. Il serait donc incomplet de ne pas noterce que Catherine IT pensait de Mme Necker. A vrai dire,nous ne le savons guère. Nous ne pouvons que nous en douter. Autant l’Impératrice parle volontiers du financier philanthrope, autant elle dissimule sa pensée sur sa femme. Par deux ou trois fois une courte allusion, et c’est tout.

Mme Necker ne négligea pas cependant de se faire bien voir de l'Impératrice de Russie. Quand la comtesse Daschkof, qui avait pris une part si active au couronnenement de Catherine II, fit son premier voyage à Paris, elle reçut la visite de Mme Necker. La comtesse ne demeura que 17 jours à Paris, et elle les consacra presque exclusivement à Diderot.Mme Daschkof raconte dans ses Mémoires (1), qu'un soir, tandis qu'elle conversait avec Diderot, — cela lui arrivait quelquefois jusqu'à 2 et 3 heures du matin, — son domestique vint lui annoncer la visite de MmeGeoffrin etde Mme Necker. Le philosophe ne laissa par le temps à Madame Daschkof de répondre, et avec vivacité ordonna de dire à ces dames que la comtesse n'était pas chez elle. « Maïs, fit observer celle-ci, je connais Mme Necker de Spa, et l’autre est en correspondance avee l'Impératrice, ainsi sa connaissance ne pourrait me faire de tort. » Diderot répliqua que dans les 9 où 10 jours qu'elle devait encore rester à Paris, elle ne pourrait voir ces dames que 2 ou 3 fois au plus, et qu'elles prendraient d'elle une idée

(1) Tome XXI des archives Woronzof.