Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 255

fausse. « Or je ne puis souffrir, s'écria l'encyclopédiste, que Ton blasphème mesidoles. Si vous restiez deux mois, je serais le premier à vous faire lier connaissance avec Mme Geoffrin ; elle est une bonne petite pâte de femme ; mais comme elle est une des trompettes de Paris, je ne veux pas qu’elle vous voie à la hâte. » La comtesse Daschkof céda; elle fit dire à Mme Necker et à Mme Geoffrin qu'un accès de fièvre l'empéchait de les recevoir. Le lendemain, la comtesse recevait une lettre fort aimable de Mme Necker : Mme Geoffrin ne pouvant pas supporter l’idée de savoir Madame Daschkof à Paris sans la voir, lui faisait dire par son amie qu’elle serait inconsolable si elle n’obtenait pas la faveur d’être reçue. La jeune femme eüût été réellement heureuse de faire la connaissance de Mme Geoffrin et de revoir Mme Necker. Mais Diderot veillait et ne le permit pas. Elle répondit que très flattée de l'opinion « peut-être non méritée, » qu'on se faisait d'elle, ce n'était pas dans l’état desanté où ellese trouvait qu’il lui était possible de la justifier, et elle priait Mesdames Necker et Geofirin d’agréer ses regrets. Mme Daschkof n’en continua pasmoins,rapportet-elle dans ses Mémoires, à courir dans Paris de 8 heures du matin à 3 heures de l'après-midi, à fréquenter nos théâtres en costume de simple bourgeoise, afin de ne pas attirer les regards, et à réserver le reste de son temps à Diderot.

On sera peut être surpris de cette démarche de Mme Necker. Il ne faut pas oublier que les deux femmes s’étaientrencontrées à Spa; ilétait donc permis à Mme Nec-