Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 257

tombé du pouvoir et malade, « était tourmenté au milieu de sa fièvre de l’idée de n'avoir pas parlé de sa reconnaissance et de sa vénération pour l’Impératrice des Grecs. » Grimm fitparvenir le billet à StPétersbourg. Catherine If ne répondit pas.

L'Impératrice se méprit-elle sur les mérites de cette femme de bien, et sur le rôle qu’elle joua réellement ? Il est difficile de l’admettre, car elle était religieusement tenue au courant des moindres incidents de la vie de Paris. Il faut dire plutôt que Catherine ne prêtait pas grande attention aux personnes de son sexe. Elle ne se plaisait que dans la société des hommes. (1) Croyait-elle la femme incapable de grandes pensées comme de belles actions ? Toujours est-il qu’elle rechercha rarement les relations de femmes. Sa correspondance avec Mme Geoffrin ne dura que peu de temps, etelle date des premières années du règne, à un moment où la nouvelle Impératrice avait besoin de se créer des intelligences dans un salon en vogue et d’y faire connaitre l’intérèt qu’elle portait aux Arts et aux Lettres.

En 1782, lors du voyage du comteet de la comtesse du Nord à Paris, Grimm envoya à Catherine un billet de Mme Necker et deux billets de Mme de la Ferté-Imbault, afin qu’elle püt juger du succès de ses voyageurs. Ceux-ci avaient eu à cœur d'aller voir Necker et sa femme dans leur rétraite de St-Ouen, où ils leur dirent les choses les plus flatteuses. Le comte du Nord s’entretint pendant plus d’une heure avec l’an-

(4) Voir lettres de Catherine à Grimm et à Mme de Bielke. 17.