Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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cien ministre, et lui déclara qu'il avait de la « vénération » pour lui. Quant à Mme Necker elle s’extasiä sur les connaissances, le ton etla grâce de la comtesse du Nord. Nous avons dit ce que l’Impératrice pensait de Necker en 1782 Laréponse qu'elle fait à Grimm mérite d’être citée: « Billet de Mme Necker, qui me donne les yeux qu'Homère donne à Junon. Je vous prie de l'en remercier etde lui dire qu'ils ne sont en vérité pas plus grands ni plus clairvoyants que ceux de M. son mari. »

Comme on voit, Mme Necker fit de son mieux pour se concilier les bonnes grâces de la Tsarine. Il semble que Catherine conçut d'elle une opinion favorable ; elle la jugea évidemment femme de mérite et femme de bien. Tout, du moins, porte à le croire ; car elle s’abstint de le dire. On peut dès lors affirmer que Mme Necker lui resta indifférente.

Catherine II se tait également sur Madame de Staël. Sa correspondancene fait sur elle,que deux allusions sans importance. Quand Necker et sa femme consentent au mariage deleur fille, Catherine écrit à Grimm : « Tout le monde dit que la fille de M. Necker fait un très mauvais parti et qu’on la marie mal, » Et le 2 septembre 1788 : « M. Necker n’est-il pas honteux de ce que sa fille est nommée l’ambassadrice de cet exécrable Falstaff ? » Mme de Staël en était encore à ses débuts intellectuels. Catherine ne se figura jamais quelle « tête » et quel caractère allait monirer la fille des Necker.

Mme de Staël avait puisé enelle et chez les siens un fonds delibéralisme que la Tsarine eut sûrementcondamné. Mais Mme de Staël s’écriera un jour :« Quel horible