Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 263

autant parlé de la Russie que des observations astronomiques dont il avait été chargé, et s'était permis d’éerire sur les mœurs et l’administration russes des critiques que l’Impératrice jugea offensantes pour le sentiment national ; l'Impératrice crut devoir y répondre par son Antidote. Et si l'abbé Raynal ne fut jamais des amis de Catherine, peut-être en faut-il voir le « pourquoi » dans les pages qu'il avait écritessur la Russie dans son Histoire philosophique. À peu près tous ceux qui soutinrent ou eurent la hardiesse de supposer que la Russie n’était pas une nation civilisée, reçurent les démentis et les imprécations de la souveraine du Nord.

Toujours est-il qu’il n’en fut pas de Mirabeau comme des philosophes, comme de Lameth, de Necker, de Ségur, de Bailly, ete., que l’Impératrice abandonna après leur avoir octroyé sa confiance et ses faveurs. A l'égard du grand remueur d'idées, de l'éloquent tribun, pas le moindre revirement à noter dans l'esprit de Catherine. Elle n’apprécia jamais sa pensée politique, ni les fleurs de rhétorique dont il savait si brillamment la revêtir.

C’est en 1787 que pour la première fois la Tsarine parle de lui, et en 1789, au moment où elle presse le gouvernement français d'agir vigoureusement en Hollande, elle écrit à Grimm que si le livre de Mirabeau n’est pas plus véridique sur le compte d'autrui que sur le sien, il ne mérite aucune attention. C’est du bel ouvrage La Monarchie Prussienne, paru l’année précédente, que veut parler la souveraine.

Le 20 décembre 1790 Grimm écrit à sa souveraine