Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 265

revendications sociales, par cela seul qu'il nest pas l'instrument béat de la souveraineté royale, il apparaît à la grande Sémiramis du Nord comme un enragé dangereux ; elle ne conçoit pas que ses talents de parole lui aient valu la grande place qu'il a prise à l’Assemblée, et par contre-coup dans l'État. A la vérité, elle ne le dit pas ; elle s’en tient à ses habituelles et impersonnelles invectives ; mais il n’y a pas de doute sur le fond de sa pensée, et le nom de Mirabeau est le premier qui se cache derrière son terme générique d’ «avocats », de « savetiers », etc.

D'ailleurs, la Gazelte de St-Pétersbourg parle pour elle. Un jour ne dira-t-elle pas que Mirabeau est de ceux qui «tirent de leurs spéculations philosophiques de quoi remplir leurs poches, » et ne l'accusera-t-elle pas de filouterie ? Elle ignorait peut-être que c'était Calonne qui, sous son ministère, avait confié des missions à Mirabeau, s'était servi de lui et l’avait « lancé » dansle monde politique. Un autre jour, avec une égale mesure de la réalité, la Gazette s’écriera que Mirabeau est homme à laisser « la patrie dans la misère et ses héritiers dans l’opulence, au milieu des richesses acquises par la trahison. » Quand il est question de Mirabeau pour remplacer Bailly comme maire de Paris, la Gazelte reprendra : « Tant mieux! Car M. Mirabeau ne réussira que plus vite à s'élever jusqu’à la lanterne, dont il s’est rendu digne depuis longtemps,comme un des principaux auteurs des infortunes publiques.» Voilà desaccusations qui ne le cèdent pas en violence à celles dont Mirabeau a été l'objet de la part de ses adversaires du dedans : « Le