Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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gibet est le seul genre d’élévation qui manquait à Mirabeau. » (1)

Peut-être ces traits arrivaient-ils en droite ligne de Paris ; mais l'Impératrice les laisse imprimer et on conviendra qu'elle ne les eût pas désavoués.

Pour s’en convaincre, d’ailleurs, il n’y a qu'à citer ce qu’elle écrit à Grimm lorsque le grand tribun a disparu de la scène politique.

Le 20 mars 1791 Grimm lui a fait savoir que Mirabeau est à toute extrémité. On sait que Mirabeau‘mourut le 2 avril. Dès le 20 avril, à un moment où elle a à se plaindre de ce « grossier brouillon » de Hertzherg, l'Impératrice s’écriera que c’est la place vacante de Mirabeau qu'il devrait prendre.

Mais sa « pancarte » du 30avrilestautrement caractéristique. Grimm lui avait écrit sur la mort et les obsèques de Mirabeau, sur le rôle politique de cet homme prodigieux, sur les conséquences de sa disparilion, ces lignes passionnées : « Suleau appelle Mirabeau un être colossal. 11 faut lire homme monstrueux. Il est impossible qu’un monstre lächéen liberté ne serende mêmeimmortel par ses ravages... Mais l'audace et la perversité portées au plus haut degré, qui étaient les qualités dominantes de Mirabeau, réunies à une versatilité et à une oblique de conduite, ne peuvent entrer dans la composition d’un grand homme. Il est mort, il y a 8 jours, à ce qu'il parait, des suites d’une débauche, et de l'agitation violente et continuelle dans laquelle il vivait depuis

(1) Les Actes des apôtres.