Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SENAC DE MEILHAN 267

environ deux ans, et sa mort en ce moment est généralement regardée comme un malheur publie, parce qu'après tous les maux qu’il avait causés à sa patrie, on espérait qu'il la préserverait de ceux par lesquels les Lameth, les Barnave, et quelques autres de la pire espèce du Club des Jacobins, avec lesquels il s’était brouillé, se flattent de donner le coup de grâce à la monarchie. Il faudra voir si le ciel propice enverra quelque autre monstre pour la sauver, et pour succéder à celuilà : car pour voir paraître quelque grand homme, quelque grand caractère, quelque héros à qui la France doive son salut, je crois qu'il y faut renoncer. Rien ne caractérise mieux la démence de cette nation, rien ne prouve combien elle est loin de sa guérison que les honneurs incroyables rendus après sa mort à un homme généralement méprisé pendant sa vie et que sous plus d'un rapport on pouvait regarder comme un échappé de la potence. » Et Grimm se demande s’il ne quittera pas la rue de la Chaussée-d’Antin où se trouve son domicile, parce qu’elle vient d’être débaptisée et appelée rue Mirabeau.

Grimm s’était-il rappelé que le marquis de Mirabeau avait dit de son fils qu’il était un mâle monstrueux au moral comme au physique ? Le « colossal » et le « monstrueux » du réquisitoire de Grimm reçoivent l’approbation de Catherine qui y répond le 30 avril : « Mirabeau était l'être colossal où monstrueux de notre temps, car dans un autre il aurait été fui, détesté, enfermé, pendu, roué. ete. Il faudrait feuilleter l'histoire et voirsi jamais paysait étésauvé par autre qu'unréellement grand .