Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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pas attiré dans son Empire. Sainte-Beuve, qui a parlé de Sénac de Meilhan, s'exprime ainsi : « M. de Meilhan fut appelé en Russie par l’Impératrice Catherine, qui, sur sa réputation, et d’après la lecture de ses ouvrages, voulait faire de lui son historien et celui de son Empire. » Jadis, en effet, l'Impératrice a adressé à d'Alembert des offres que celui-ci a rejetées ; après d’Alembert, elle à aussi invité Grimm et Diderot à la venir visiter : Diderot, par curiosité peut-être, pour rèver avec lui de projets de réforme sur la Russie, et par calcul. Grimm, pour le récompenser des services qu'il lui a déjà rendus, et qu'il est appelé à lui rendre journellement.

Sainte-Beuve, trompé par ces précédents, a eru qu'il en avait été de Sénac de Meilhan comme des autres. Rien n'est moins vrai cependant. Sénae de Meilhan se propose à la souveraine pour écrire l’histoire de son règne. Catherine IL prend des renseignements sur son compte, fait étudier son caractère, sonder ses vues. Elle l’accepte enfin, après certaineshésitations, comme à regret. Sénacde Meilhan agréé cherche ensuite à s'imposer. La demi-confiance de la première heure se changera dès lors en quasi-méfiance, et la Tsarine lui fera entendre que son départ serait agréable. Sénac de Meilhan sera presque chassé de Russie.

Les critiques qui ont traité de Sénac de Meilhan ne se sont pas entièrement mépris d'ailleurs sur l'accueil qui lui fut fait à St-Pétersbourg. « Arrivé à la cour de Rus« sie, dit Sainte-Beuve, Sénac de Meilhan réussit moins « de près que de loin; il quitta bientôt Pétersbourg avec s une pension; toutefois,la mort de l’Impératrice la lui