Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU,.SÉNAC DE MEILHAN 279

dédaigne, » ait négligé cette autre société, plus pure et plus saine, qui allait constituer la nation ? Il ne la connaissait pas.

Ce même reproche doit être adressé à Sénac de Meilhan historien politique. Non seulement il ne prévit pas la Révolution ; mais encore, en 1795, après le gros de la tourmente, il ne comprit ni la grandeur de ses mobiles, ni la portée de ce qu'elle avait fait. Quelque part il dit bien que « la Révolution de la France semble être celle de l'esprit humain; » mais son entendement neva pas plus loin, ne creuse pas davantage le caractère d’uuiversalité de la grande Révolution, et il ajoute : « De nos jours la puissance des souverains est assise sur des bases inébranlables. » N'est-ce pas lui qui croyait que la Révolution n'aurait jamais éclaté, s’il avait été appelé à présider aux destinées de la France ?

C’est, en effet, Sénac de Meilhan qui a écrit: « Qu'un homme de génie soit le ministre des finances d’un roi d’Espagne, et ce superbe pays vivra. » Il n’est pas douteux que Sénac de Meilhan avait pensé être le providentiel « homme de génie » de la France et la sauver du péril révolutionnaire. Nous allons voir qu'il visa également à être cet « homme de génie » en Russie.

Sa perspicacité, comme on voit, avait des limites, et sa présomption n’en avait pas! Pour se convaincre de cette perspicacité, il suffit de lui demander quelles

les princes et les laquais, » ce qu'elle interpréta en s'aflichant avec le prince de Conti. Grimm dit que c'était Ià un « mot de famille ; » n'était-ce pas plutôt un mal de famille ?