Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 281

brisa donc sa carrière littéraire comme sa carrière politique . Quand il émigra ses œuvres n’avaient pas encore reçu des salons et de la société de Paris cette consécration dont un fauteuil d’immortel pouvait être le couronnement ; puis les personnes qui pouvaient l'apprécier se dispersèrent en Europe ou se cachèrent en France, et la mort le surprit à Vienne en 1803,

Tel fut Sénac de Meilhan dont le nom est aujourd'hui oublié malgré le mérite deses écrits. Sainte-Beuve fait remarquer qu’il aurait dû être de l'Académie, et assurément il n'y eut pas fait mauvaise figure ; il ne fut cependant ni grand moraliste ni grand historien, et il serait excessif de dire avec M. de Lescure qu'e il ne lui a manqué que du cœur pour être éloquent, et que l’éloquence pour être un grand écrivain. » Mme de Créqui, avec laquelle il eut la bonne fortune de se lier d’une solide amitié, et qui ne ménageait pas la vérité à son égard, disait de ses Considérations sur La richesse et le luxe, que l'ouvrage «était superficiel et sans méthode. » La plupart de ses autres écrits pourraient être l’objet de la même critique. M. de Lescure est plus près de la vérité quand il avoue que « Sénac eut toutes les qualités et tous les défauts des hommes plus brillants que solides qui sont l'honneur des décadences. »

Le Prince de Ligne nous a laissé de lui une très flatteuse esquisse. Après leur voyage-en Russie, Sénac de Meilhan et le Prince de Ligne se rencontrèrent à Vienne et se vouèrent une réciproque affection. Ils étaient tous les deux au déclin de la vie, et tous les deux ils avaient